Manœuvrer l’incontrôlable

L’artiste François Quévillon occupe les espaces d’EXPRESSION avec des dispositifs qui appliquent différentes procédures algorithmiques à des scènes captées par des caméras fixes, volantes ou motorisées. En confrontant des techniques utilisées en intelligence artificielle et en analyse de données à la nature imprévisible du monde, François Quévillon sonde les réactions de ces systèmes lorsqu’ils interprètent des situations inattendues et des phénomènes incalculables. Faisant échos aux véhicules autonomes, aux drones, aux objets connectés et au monitoring d’événements potentiellement catastrophiques, les œuvres de l’exposition démontrent une recherche approfondie, un regard précis, serein et amusé sur les développements technologiques qui marquent notre temps.

Invitant à la contemplation ou à faire l’expérience d’un chaos sensible, les dispositifs de François Quévillon proposent des situations ambiguës au cours desquelles l’insaisissable se manifeste. L’artiste explore les manières dont les technologies affectent ou redéfinissent nos processus cognitifs, notre environnement, nos relations à l’espace, au temps et aux autres. À nous de faire le travail de réflexion que chacune de ces œuvres nous invite à exercer.

Visite commentée et vernissage le samedi 9 février 2019 à 14 h

François Quévillon, vidéo de l’exposition Manœuvrer l’incontrôlable présentée à EXPRESSION, 41 s. ©NousTV

Les mondes

EXPRESSION, Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe, accueille Diane Obomsawin, artiste bien connue et appréciée du milieu du cinéma d’animation et de la bande dessinée ainsi que des arts visuels. Première exposition monographique de Diane Obomsawin, Les mondes réunit un corpus d’œuvres inédites, composé de bandes dessinées, d’installations et de quelques courtes animations tirées de sa filmographie.

Les mondes propose une déambulation dans une succession de récits et offre ainsi un parcours narratif dans l’imaginaire de Diane Obomsawin. Les passages et les liens entre une animation, une bande dessinée, un dessin et une installation y sont explorés, nourris par la force poétique de chaque récit, la singularité des espaces évoqués, la nature même des formes créées et leur délicatesse. L’œuvre de Diane Obomsawin émeut ; sa profondeur nous touche. Impossible de rester insensible à l’ambivalente oscillation qui émerge de l’expérience de chacune de ses œuvres : entre légèreté et gravité, un mouvement fragile nous interpelle. Cette émotion est-elle due au regard attentif de philosophe que l’artiste pose sur les choses, à la sensuelle fluidité de ses dessins ou à cet étonnement candide que Diane Obomsawin transmet à ses personnages ?

Les mondes aborde la métamorphose — condition première des images animées. Les œuvres de l’exposition traitent de transformation sur les plans onirique et symbolique, en s’appuyant sur des figures de la mythologie de l’Antiquité, telles celles évoquées par le poète latin Ovide et en écho à la mythologie propre à l’artiste, avec son laconisme déroutant et sa simplicité désarmante. Diane Obomsawin amorce, avec Les mondes, un nouveau tournant dans sa pratique et affirme sa conception d’un monde en mouvement.

Visite commentée et vernissage le samedi 25 mai 2019 à 14 h

Diane Obomsawin, vidéo de l’exposition Les mondes présentée à EXPRESSION, 1 min 56 s. © NousTV

Conjonctures

Jocelyn Robert est un artiste interdisciplinaire qui fait notamment appel à la musique, l’art audio et informatique, la performance, l’installation, la vidéo et l’écriture.

Dans la première partie de l’exposition, l’artiste présente à EXPRESSION une série d’œuvres visuelles constituées d’images imprimées et de vidéos portant sur l’imaginaire collectif, tel que construit et véhiculé par les réseaux numériques.

Pour la deuxième partie de l’exposition, une œuvre inédite porte sur la dégradation du signal et sur cette chose insaisissable qu’on appelle « l’air de famille ». Le projet consiste en une série d’images ainsi qu’une pièce réalisée à partir d’un piano droit dans lequel les cordes vibrent, sans pianiste. Capté et traité numériquement, le son de ces vibrations est retransmis en partie par des haut-parleurs disséminés dans la salle. L’artiste met ainsi en évidence la transformation graduelle des sons émis, le signal se modifiant tout au long de son parcours de diffusion, processus s’appliquant, par analogie, à toute autre forme de communication.

L’ensemble de l’exposition, tant par ses œuvres visuelles que sonores, s’attarde aux variations du signal, depuis l’émission de celui-ci jusqu’à sa réception. Par son exposition intitulée Conjonctures, Jocelyn Robert va au-delà de la simple présentation d’œuvres techniques et numériques : il nous propose une métaphore de la « société numérique » dans laquelle nous vivons

Visite commentée et vernissage le samedi 14 septembre 2019 à 14 h

Jocelyn Robert, vidéo de l’exposition Conjonctures présentée à EXPRESSION, 1 min 35 s. ©NousTV

Dimension lumière

Si Jocelyn Philibert, au cours des années 1990, présentait des sculptures et des installations, depuis le début des années 2000, c’est par la photographie qu’il s’exprime, dans des photomontages hautement sophistiqués, de grands assemblages numériques résultant de centaines de prises de vue nocturnes, au flash, et maintenant réalisées le jour, le soleil ayant désormais remplacé la lumière artificielle.

Tout au long de son parcours de sculpteur et de photographe, des « obsessions » se profilent : la représentation du réel visible et de ses trois dimensions ; les notions de vrai et de faux ; et la part de fiction qui s’insère inévitablement dans la représentation. Malgré l’aplat du support utilisé par le photographe, qu’il s’agisse de papier, de toile ou de vinyle, avec ses paysages où trône généralement un arbre majestueux, Jocelyn Philibert continue d’interroger la matérialité et la tridimensionnalité de l’objet photographié. La sensation éprouvée devant ces paysages est forte, rappelant que le terme « paysage » évoque à la fois l’espace extérieur et sa représentation picturale. Invités à regarder ces photographies de grande dimension, nous sommes convoqués à observer quoi au juste, un paysage en trois dimenisions, ou une représentation de celui-ci sur une surface plane ? Dans cette remarquable fascination pour le « paysage », porteur d’une double signification, se condense la démarche singulière de ce sculpteur devenu photographe et son exploration savante d’une préoccupation récurrente dans l’histoire de l’art : l’enchevêtrement complexe qu’entretiennent la tridimensionnalité et la bidimensionnalité des choses, dans l’esprit humain.

Visite commentée et vernissage le samedi 9 novembre 2020 à 14 h

Jocelyn Philibert, vidéo de l’exposition Dimension lumière présentée à EXPRESSION, 2 min. © NousTV