Erika
DeFreitas

Les processus qui animent nos corps et nos gestes, nos mémoires et nos cultures, traversent l’ensemble de la pensée et de l’œuvre d’Erika DeFreitas. Dans studies for gardens, une centaine de collages unissent des échantillons de formes et de textures variées rappelant des végétaux ou des textiles qui, ensemble, évoquent des agencements possibles de jardins abstraits ou inventés. Les mains de l’artiste apparaissent d’ailleurs dans une vidéo qui donne à voir le processus qui les compose et les décompose. Intéressée par la valeur symbolique et morale de la représentation des plantes dans l’histoire coloniale, elle manipule, réinstalle et réimagine les potentiels assemblages de ces jardins. La multiplicité infinie de ces reconfigurations, activée par les gestes sensibles de l’artiste, rappelle que la contamination et les transformations sont inhérentes à la transmission. C’est aussi ce qu’évoque a small monument avec ses pétales d’hibiscus en argile crue. L’hibiscus est une fleur qui revêt un sens intime pour l’artiste puisque sa mention sait toujours provoquer chez sa mère guyanienne le récit d’une anecdote bien de chez elle. Ici également, c’est la métaphore de la puissance régénérative des plantes qui capte l’attention: de cycle en cycle, même si elle est altérée, la plante, la mémoire, se perpétue. Les pétales dispersés, mais non abîmés par cette fragmentation, préfigurent le passage d’un souvenir à une prochaine génération.